Père Laurent de Villeroché
La grâce de l’aurore !
En hébreu, le mot « Pâques » veut dire « passage ». Dans l’ancien testament déjà, à chaque fois que Dieu renouvelle son alliance avec son peuple, un chemin de vie s’ouvre à nouveau… Le modèle de ce passage qui jalonne l’alliance apparaît lorsque le peuple, fuyant les Egyptiens, se trouver coincé par la Mer rouge mais les eaux s’ouvrent : passage de la mort à la vie, du « sans issue » au cheminement… Il y a ce passage au sommet dont le destin de Jésus témoigne : la pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs nous est à nouveau proposée comme la pierre d’angle (Ps 117) sur laquelle bâtir nos vies et avancer ensemble.
Encore faut-il accepter de nous laisser entraîner par le Ressuscité (Col. 3, 1). Pour cela, notre Pâques 2021 se montre maîtresse de vie. A cause de la pandémie, nous n’avons pas pu célébrer la vigile pascale dans la nuit, mais au tout petit matin. Grâce à ce changement, beaucoup vivront autrement Pâques : oui, le fruit de ce passage des ténèbres à la lumière est à accueillir comme la grâce d’une aurore, pour nous faire redécouvrir avec délicatesse qu’en compagnie du passeur qu’est le Ressuscité, une nouvelle aventure est donnée chaque jour.
Pour cela, il suffit de se laisser remettre en route. Après la vigile à 6h30 à St Marceau, les autres messes de Pâques le montreront : celles de la matinée – à St Jean et St Denis – nous lanceront déjà sur les routes comme les femmes levées de bon matin pour se rendre au tombeau puis repartant très vite pour annoncer la Résurrection ; celle célébrée dans l’après‑midi à St Marceau nous entraînera à la suite des disciples d’Emmaüs.
Parfois tout parait bloqué ou nous stagnons mais Christ est ressuscité et Pâques nous redit qu’Il est toujours là devant nous, prêt à nous tendre la main pour nous désigner un passage ou relancer notre marche. Rien de brutal, mais pour qui ouvre les yeux sur sa présence, la rencontre est aussi forte que la grâce de l’aurore pour inviter à se lever !