Homélie du mardi 1er décembre 2020

3 Déc 2020 | Homélies

Père Gilles Rousselet

Mardi 1ere semaine de l’Avent  –  Isaïe 11, 1-10 ; Psaume 71 ; Luc 10, 21-24

D’abord même si parfois les apparences sont trompeuses, ce qui est décrit, là, dans la première lecture, cette prophétie d’Isaïe n’est pas une promesse en l’air. Vraiment elle est parfaitement accomplie en Jésus, et nous sentons bien que nous avons besoin que notre regard soit transformé, purifié, éclairé, pour voir cette réalité, ce royaume de Dieu qui est déjà là, et clairement pas encore, parce qu’il est aussi entre nos mains. Vous connaissez cette histoire, d’un homme qui entre dans un magasin où il est écrit sur la devanture « Ici on peut tout acquérir gratuitement », alors il entre dans le magasin et il dit : « Alors c’est vraiment vrai ? Je peux obtenir tout ça gratuitement ? »  Le vendeur lui dit : « Oui, oui, tout » « Alors donnez-moi de la paix, de la joie, de l’amour », et il répond : « Ah non, monsieur, ici nous ne vendons que les graines ! »

Voilà, le royaume de Dieu est vraiment entre nos mains, il est à construire, évidemment pas seuls mais en entrant justement dans cet accueil de l’Esprit Saint qui est la pleine révélation de la vie de Jésus et dont nous avons un accès aujourd’hui dans l’évangile. Alors on est juste après la Transfiguration, vous savez, quand nous avons vu cette Gloire cachée de Jésus, cette Gloire qui a été manifestée à ces trois apôtres là, et puis avec la présence de Moïse et Elie, Jésus qui récapitule tout et qui accomplit tout, et qui, dans ce moment révèle sa Gloire cachée à ses apôtres, et à ses apôtres jusqu’à nous aujourd’hui. Et voilà que aujourd’hui il y a une autre théophanie, on peut dire de la Sainte Trinité, puisque nous voyons le rayonnement de cette unité qui existe entre le Père et le Fils dans l’Esprit Saint, cette manifestation de la joie, c’est vraiment l’intimité de Jésus, c’est bouleversant en fait quand on se laisse gagner vraiment par cette joie qui illumine les paroles, le regard de Jésus, qui remplit le cœur de Jésus dans ce jaillissement continuel de l’Esprit Saint : « Béni sois-tu, Père, d’avoir révélé aux petits et aux pauvres ce que tu as caché aux sages et aux savants ! » C’est vraiment une manifestation de l’Esprit Saint.

Alors ce n’est pas que, volontairement, Dieu a caché aux sages et aux savants ce qu’il a révélé aux petits et aux pauvres, c’est que il y a une attitude de notre part, vous savez cette attitude qui consiste à dire : « Moi, je sais ! » et que finalement je peux accéder à cette sagesse. Il y a beaucoup de chercheurs, de personnes, qui, comme dit Jésus dans la finale de l’évangile, qui ont cherché, qui ont voulu voir, mais peut-être par un autre chemin que celui que le Seigneur nous propose, qui est le chemin de l’humilité. Nous connaissons beaucoup de saints, comme par exemple Sainte Bernadette, qui n’avait quand même pas poussé très loin ses études, mais qui manifestait une sagesse divine du fait qu’elle avait vraiment reçu l’Esprit Saint, parce que cette connaissance, cette sagesse lui avaient été révélées gratuitement par le Père, dans le Fils, et dans ce jaillissement continuel de l’Esprit Saint.

Alors ce qui est important pour nous c’est de savoir comment nous pouvons accéder à la plénitude de la connaissance de Dieu. Jésus dit : « Nul ne connaît le Père sinon le Fils, et nul ne connaît le Fils sinon le Père, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » Alors évidemment on ne peut pas imaginer que Jésus va trier, on peut dire ceux à qui il va révéler la connaissance suprême qui est la connaissance du Père : « Qui m’a vu a vu le Père ! » Et si Jésus se révèle à nous dans son incarnation et dans l’offrande qu’il fait de sa vie et dans tous les événements de notre vie, c’est bien parce que c’est l’intention, le désir du Père. C’est la raison pour laquelle Jésus est tellement heureux, tellement reconnaissant vis-à-vis de son Père, c’est bien la volonté du Père de se révéler à nous en plénitude.

Et alors comment est-ce qu’on peut entrer dans cette pleine révélation ? Eh bien d’abord en reconnaissant que sans lui nous ne pouvons rien ! Sans lui nous ne pouvons rien. Entrer dans une dépendance vis-à-vis de lui, ce qu’on appelle vraiment l’obéissance de la foi, et l’humilité. Voilà. Et puis nous laisser envahir par cette joie, cette joie qui est rayonnante, qui rayonne du cœur de Jésus. Entrer aussi dans cette louange. Alors vous savez que dans notre paroisse, et je crois de plus en plus dans l’Église on retrouve la vertu de la louange. On voit bien c’est ce que fait Jésus : « Béni sois-tu, Père ! » Que dans tous les événements de notre vie, il peut y avoir un moment de révolte, un moment de colère, un moment de tristesse, d’incompréhension, et que petit à petit nous nous laissions gagner par la louange, et évidemment c’est beaucoup plus facile de se laisser gagner par la louange quand on la vit en communauté. C’est l’intérêt par exemple, sans aucune prétention, des soirées Hosanna’M, ou d’autres événements comme celui-là où nous pouvons vraiment, ensemble, fraternellement, nous laisser gagner par la louange.

Voilà, et puis demander aussi à l’Esprit Saint de nous donner un autre regard, de nous transmettre ce regard, celui qui est révélé dans cette prophétie d’Isaïe, on voit comment toute la Création est réconciliée, et c’est vrai que nous en faisons l’expérience : le premier lieu où nous devons demander une réconciliation qui vient de Dieu, c’est notre cœur ! Nous voyons bien comment dans notre cœur il y a aussi tous ces animaux sauvages, là, qui s’entre déchirent, toutes ces colères, ces émotions toxiques. Alors on peut les regarder d’un point de vue psychologique. C’est vrai, on a nos blessures, on a notre caractère, « Qu’est-ce que vous voulez, c’est mon caractère ! » Un jour, j’ai demandé à Dieu de changer mon cœur, Il m’a dit : « Mais Gilles, ça pourrait être pire ! » Voilà, commencer par s’accueillir soi-même, se réconcilier avec soi-même, et puis demander au Seigneur, justement comme le dit Isaïe, d’être le Seigneur de la Paix dans notre cœur, et de ne pas nous laisser envahir par nos colère, nos revendications, nos jugements, et voilà, le laisser être le Seigneur, c’est vraiment sa volonté, qu’il vienne instaurer en nous un règne de paix, de joie, de louange, et que cette paix, cette joie, cette louange, c’est-à-dire le règne de Dieu en nous, soient vraiment contagieuses. Voilà, et que nous puissions les partager les uns avec les autres.

Amen