Homélie du samedi 21 novembre 2020

22 Nov 2020 | Homélies

Père Gilles Rousselet

33ème semaine du temps ordinaire – Année A (Ap 11, 4-12 ; Ps 143 ; Lc 20, 27-40)

Fête de la Présentation de la Vierge Marie

Cette fête de la Présentation de Marie, est vraiment une source d’inspiration pour nous même. Marie est celle qui vraiment s‘est laissé attirer par la Parole de Dieu ;  Marie comme jeune femme Juive méditait les Écritures et ces Écritures selon la promesse de Dieu ont porté du fruit en elle, fruit d’attraction, on dit que la foi est une aimantation. Marie s’est laissé attirer avec douceur et force par le Seigneur, en méditant la Parole de Dieu, en méditant la torah, en se laissant conduire par cette Parole ;  c’est vrai que cette Parole n’a trouvé en elle aucun obstacle. On sait bien pourquoi : puisque que Marie est Immaculée conception c’est par la grâce de la mort et de la résurrection de son Fils, qu’Elle a été ainsi préservée. Marie a été préservée et nous par la même grâce nous sommes arrachés au péché originel. Nous sommes établis fermement dans cette identité d’enfant de Dieu. Et fils et fille de la vie éternelle, de la résurrection, comme nous le dit l’évangile d’aujourd’hui. Voilà nous pouvons vraiment suivre Marie, elle est vraiment notre mère et elle aussi parce qu’elle a vécu, on peut dire cette douce attraction à laquelle elle s’est complètement livrée. C’est ça la Présentation de Marie, dès qu’elle a eu la conscience de la foi, elle a répondu à cet appel.  Jésus dit « Bienheureux, bien plus heureuse celle qui m’a enfanté, ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » Marie est en première ligne, on peut dire de cette attitude-là. Donc son témoignage, sa vie nous est vraiment accessible, nous pouvons aussi lui demander de participer, d’intercéder pour que cela soit possible en nous, quelles que soit les résistances que nous pouvons avoir. Et c’est un fait, reconnaissons qu’il y a en nous tellement de résistances.

J’aime bien cette petite histoire, d’un papy qui tient son petit garçon, par les cheveux, (bon je ne sais pas exactement pourquoi, peut-être pour lui apprendre quelque chose). Le petit garçon n’aime pas beaucoup qu’on le tienne comme ça, par les cheveux alors il gigote, il gigote : « Papy tu me fais mal ! » Puis le papy lui dit « Mon petit garçon arrête de bouger, tu n’auras plus mal ».

Il y a quelque chose dans notre vie, qui consiste à gigoter, à gigoter avec notre volonté propre, avec notre raison raisonnante ; c’est un peu le cas des sadducéens, ils se prennent bien la tête pour trouver cette parabole pour piéger Jésus, et qui rendent les choses bien compliquées. Et à la fin il y a ce petit verset : « Ils n’osaient plus l’interroger sur quoi que ce soit ». C’est dommage, on aurait bien aimé qu’ils continuent de l’interroger, parce qu’on aurait appris des choses ! À ce moment-là bien sûr, il ni a pas de limite d’accéder à la plénitude de la révélation de Dieu, dans un esprit d’enfance. Le pape François disait que finalement la vie chrétienne c’est très simple. Vous savez des fois on dit que la foi chrétienne est compliquée ; non ce n’est pas compliqué du tout en fait c’est très simple, il suffit d’écouter la parole de Dieu et de la mettre en pratique.

Saint Jean Eudes dit que la volonté de Dieu est tellement importante, tellement vitale, qu’elle doit être facilement accessible, comme l’air que l’on respire. Et de fait, la volonté de Dieu nous est vraiment accessible ; ce n’est pas possible que Dieu ait mis des espèces d’obstacles qui permettraient seulement à certains d’accéder à cette volonté et à cette pleine révélation. Il faut avoir un esprit d’enfance, faites-vous comme des enfants, comme ce que vous êtes. Et vraiment béni sois tu, Père, d’avoir révélé aux petits et aux pauvres, ce que tu as caché aux sages, ce qui demeure caché aux sages et aux savants. Voilà c’est nous qui l’avons rendu un peu compliqué, mais finalement c’est simple, il suffit d’écouter la Parole de Dieu et de la mettre en pratique.

Hier au collège, on parlait avec les jeunes de leur confirmation et puis on parlait de l’Eucharistie. Alors je leur disais que cette hostie que vous recevrez un jour, ou que vous avez reçue eh bien ce n’est plus du pain, c’est vraiment le corps du Christ ; et je leur demandais et comment on sait ça. Une jeune dit « Parce qu’on nous l’a dit ». C’est rare d’entendre une jeune chrétienne dire : je crois que c’est vraiment le corps du Christ, parce qu’on nous l’a dit. Évidemment le premier qui l’a dit, c’est la Vérité, c’est Jésus. Moi la première raison pour laquelle je crois à la présence Eucharistique, c’est parce que Jésus l’a dit. Alors après, on peut toujours décortiquer avec notre petite raison étriquée : qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? Mais Il l’a dit c’est tout ! De la même manière, il a dit : « Je suis la résurrection ».

Vous voyez, écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique c’est comme Marie  qui dit : «Qu’il me soit fait selon ta Parole ». Et c’est la lumière divine qui va éclairer notre raison, notre intelligence, ce n’est pas l’inverse.

Voilà la réponse de Jésus à ce piège : il y a plusieurs aspects. Il y a une source, c’est l’Écriture, pour les prendre sur leur propre terrain. Voilà il est le Dieu des vivants, Il n’est pas le Dieu des morts, ni le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob. Il est le Dieu des vivants. Dieu n’est pas un Dieu du souvenir, Il ne dit pas « J’ai été le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Il dit « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », donc il affirme la vie de Dieu et il affirme que cette vie est communiquée. Si je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ils sont vivants. Et cela en s’appuyant vraiment sur l’Écriture. L’autre chose aussi que Jésus propose, affirme, c’est que la résurrection n’a rien à voir avec nos représentations humaines, qui seraient de l’ordre de l’expérience et de la raison. Encore une fois, le pape Benoît XVI disait que Dieu ne peut pas nous demander de démissionner de notre raison, mais de la mettre à sa juste place. Pas dire « Moi je vais expliquer quelque chose à Dieu ou de Dieu ». Mais je peux ouvrir ma raison à la pleine révélation, comme un enfant qui se laisse former, qui se laisse enseigner. Le Père François Varillon dit que le bonheur du ciel n’est pas une espèce de grosse chenille, comme une petite fille qui deviendrait une grosse fille, vous voyez ce qu’il veut dire. En fait, la chenille n’est pas appelée à rester une chenille. Et donc la résurrection, le bonheur du ciel ne serait pas une chenille qui serait devenue une grosse chenille ; la chenille va devenir papillon, donc il y a une transformation complète. C’est aussi l’image du grain de blé, ce petit grain de blé, pour devenir un épi, va devoir être complètement transformé par la puissance de la résurrection. Alors on peut essayer d’approcher cette réalité par ce que nous trouvons dans l’Écriture, aussi par notre propre expérience, mais illuminée par la lumière de la foi, ça ne peut pas être autrement. Vous savez qu’à l’heure actuelle, il paraît que 50% des catholiques ne croient pas en la résurrection et qu’un certain nombre d’entre eux croiraient plutôt à la réincarnation. On a vraiment un témoignage à donner qui est vraiment un témoignage d’attraction, d’accueillir en nous la vérité de la Parole de Dieu.

Voilà, pour aujourd’hui la résurrection ce n’est pas seulement à la fin des temps. Jésus dit à Marthe « Je suis la résurrection », parce que Marthe dit un jour : « Mon frère va ressusciter ». Jésus dit, Marthe « Je suis la résurrection, est ce que tu y crois, est ce que tu crois en moi ? » Vous voyez la seule réponse qui est digne de Dieu c’est notre confiance. Voilà quand nous raisonnons sur tous les sujets de la foi, est ce que d’abord ça commence par une confiance ? Par la foi, par un acte de foi ? Cette jeune qui disait « Je crois parce qu’on me l’a dit », elle disait « Mais les personnes qui m’ont dit ça, je les crois, elles sont dignes de confiance. » Alors quand c’est Jésus qui le dit…

Jésus parle de ce qui va se passer. Est-ce que le mariage et la procréation existeront encore dans le ciel ? En fait non. Parce qu’on donne la vie à des enfants parce qu’on meurt. Quand on sera au ciel, on sera vivant éternellement. Mais par contre, tout ce que nous vivons sur terre est vraiment une préparation à ce que nous vivrons dans le ciel. Hier on a eu le Jugement dans Mathieu 25, « Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Comprenez ce que ça veut dire. C’est que ma rencontre avec le Seigneur dans la vie éternelle, en fait, passe par ma manière de prendre soin aujourd’hui des personnes dont je vais prendre soin. C’est là où se joue mon éternité. Je n’ai pas à avoir peur de ma rencontre avec le Seigneur si dans l’instant présent je prends soin de tous ceux que le Seigneur me présente.

Puis rappelez-vous ce que dit le Pape Jean-Paul II, l’Eucharistie, c’est le médicament de l’immortalité. Et puis nous confier à l’intercession de la Vierge Marie. Saint Jean-Paul II disait que le Fiat de Marie est analogique à notre Amen. Qu’il nous soit fait selon Ta parole Seigneur !  Que nous soyons attirés par Ta Parole et par la plénitude de la Révélation, que nous puissions vraiment être pleinement dans la joie.

Amen.