Homélie du dimanche 15 novembre 2020

15 Nov 2020 | Homélies

Père Laurent de Villeroché

33ème semaine du temps ordinaire – Année A (Pr 31, 10-13.19-20.30-31 ; Ps 127 ; 1Th 5, 1-6 ; Mt 25, 14-30)

Journée mondiale des pauvres

Introduction

Dimanche prochain, nous fêterons le Christ roi de l’univers. Nous arrivons donc à la fin de l’année liturgique, belle occasion comme chaque année de faire un petit bilan des douze derniers mois : le Christ a-t-il vraiment régné dans nos vies, comment la joie de connaître son amour oriente-t-elle notre vie ? 

Aujourd’hui, ce 33ème dimanche du temps ordinaire, peut donner un contenu précis à ce bilan. C’est la Journée mondiale des pauvres, une journée de prière et de réflexion instaurée il y a quatre ans par le pape François. Elle coïncide avec la Journée nationale du Secours catholique.

Des membres de l’antenne Orléans Sud Loire ont préparé cette messe, avec les animateurs habituels de la liturgie de notre paroisse. Puisse cette eucharistie nous aider à accueillir une remarque du pape François : « Tendre la main aux pauvres est un impératif dont aucun chrétien ne peut faire abstraction ».

Alors pour faire notre bilan d’année, mettons-nous à l’écoute de la parole de Dieu. Et déjà présentons lui notre monde pour qu’il ouvre les mains, les esprits, les cœurs, et d’abord les nôtres.

Homélie

Les textes de ce jour laissent deviner la préoccupation des premiers chrétiens. Ils étaient tellement émerveillés de la bonne nouvelle de la Résurrection qu’ils s’attendaient au retour imminent du Christ, dans la gloire, sûrs qu’il allait alors remettre à l’endroit le monde bousculé dans lequel ils vivaient. De ce point de vue, ils sont vraiment nos grands-frères… Mais le Christ ne revenait pas et cette attente mettait leur foi à rude épreuve !

Il leur a fallu du temps pour comprendre que le Seigneur n’est pas en retard dans l’accomplissement de sa promesse, mais comme le dit le 2e épître de Pierre, il fait preuve de patience car il veut donner à tous le temps de se convertir.

Les textes de ce jour reflètent cette période où les premiers chrétiens ont dû apprendre comment vivre « sans » le Christ cette attente qui s’installait dans la durée.

« Pour ce qui est des temps et des moments de la venue du Seigneur » je n’ai rien à vous dire de plus, dit saint Paul, mais puisque vous êtes devenus des fils de la lumière, soyez vigilants, ne restez pas endormis comme les autres. Le message vaut pour nous aussi !

Alors comment agir en fils de lumière ? Sans s’endormir ! Pour cela, Matthieu, à la fin de l’Evangile, offre une belle parabole, celle du maître parti en voyage. Pour vivre l’attente de son retour, il faut réaliser combien cette absence révèle la confiance un peu folle qu’il fait à ses serviteurs ! De fait, il « leur confia ses biens », donc pas une partie seulement, mais la totalité. En plus, cinq, deux et un talents représentent des sommes énormes : un seul talent, c’est dix‑sept années de salaire d’un paysan…

Cette démesure ne peut être que celle de Dieu : démesure dans le don, démesure dans la liberté. Car, en plus, le maître part sans laisser de consigne : il prend le risque que son bien devienne ce que ses serviteurs en feront, il fait le pari de leur imagination.

Mais que vont-ils faire de la confiance qui leur est faite, chacun « selon sa capacité » ? Deux serviteurs osent se lancer. Le troisième enterre le talent reçu, pour protéger le capital et surtout pour se dégager de toute responsabilité en cas de souci. Il n’a pas compris que le maître était prêt à assumer le risque avec lui !

On connaît la suite. Par sa fin dramatique, la parabole indique clairement que Dieu n’aime pas laisser végéter. Son projet, c’est que ses biens puissent fructifier, et comme on connaît l’Evangile, pour en faire profiter toujours plus de monde !

On aimerait quand même une autre fin à la parabole. Peut-être faudrait-il compléter la leçon de confiance qu’elle donne par une autre leçon : s’il y avait eu juste un peu plus de solidarité, de fraternité entre les serviteurs, ils auraient pu s’entraider. Le troisième serviteur aurait eu moins peur… Les deux autres auraient peut-être pu développer encore plus les talents… La fraternité aurait tout pu changer !  Puisse l’action des bénévoles du Secours catholique et de bien d’autres nous rappeler qu’être fils de lumière, c’est aussi faire confiance au potentiel qui vient des liens qui unissent les hommes. La fraternité permet à la confiance de Dieu de porter encore plus de fruit ! La suite est entre nos mains, chaque jour, à chaque rencontre.