Homélie du mercredi 27 mai 2020 – Père Gilles Rousselet

28 Mai 2020 | Actualité, Homélies

7ème semaine du Temps Pascal  Année A

Actes des Apôtres (20, 28-38) Ps 67 (68) Évangile st Jean (17, 11b-19)

Nous pouvons être très touchés par le soin que Paul prend de chacune des communautés et de chacun en particulier. « Pendant trois jours, dans les larmes, j’ai pris soin de vous, je vous ai affermis dans la foi, l’espérance et la charité ». Comme un témoignage de ce que Jésus dit dans l’Évangile, Paul dit : Dans le monde, vous aurez à discerner, à exercer votre intelligence parce que vous allez entendre plein de discours, certains pervers – c’est un terme très fort- la perversion de la vérité signifie que la vérité est détournée de son origine et de son but, cela au profit de celui qui s’en sert…

Paul par l’Esprit Saint attire notre attention sur notre responsabilité. Bien sûr, nous sommes des petits enfants soumis à des vents contraires, nous sommes fragiles, vulnérables ; Paul lutte vraiment pour que nous restions fidèles à cet enseignement que nous avons reçu et qui ne peut pas subir de déformation. C’est un paradoxe : on aimerait parfois que Dieu diminue notre degré de liberté, ce qui signifie, si j’étais moins libre, je ferais moins d’erreurs… en fait, ce ne serait pas de l’amour et ce ne serait pas vrai du tout. En plus, les Français ont une affection particulière pour leurs droits, on y oublie parfois comme dans tous les pays qu’on a des devoirs… C’est important de considérer que Dieu veut que nous soyons intelligents, que nous exercions notre discernement et notre prudence. Par exemple, quelle attention accordons-nous aux médias ? et à quel type de média ? Certains peuvent dire : Ça c’est un peu original, ésotérique donc ça mérite mon attention. Une fois qu’on a prêté attention à ce genre de discours, on est alors un peu détourné : et si c’était vrai ? Un discours circule qui dit : Ce qui arrive en ce moment c’est la punition de Dieu. Il nous faut discerner si c’est bien conforme à la Parole de Dieu… Jésus tranche sur cette question-là.

Dans l’Évangile, – et j’ai déjà évoqué il y a quelques jours l’image de cette fuite d’eau que nous avions eue au presbytère, et où il avait fallu retourner à la source du problème- ici Jésus a les yeux levés au ciel, Jésus prie beaucoup dans ce chapitre 17, les yeux levés au ciel. Le ciel est le lieu de la présence de Dieu –et non pas l’endroit où se trouvent les nuages. Le pape Benoît XVI dit que le ciel de Dieu, c’est le cœur des pauvres.  Dieu, on l’a d’abord en nous ! Il s’agit vraiment de regarder le Seigneur dans notre prière. Ici Jésus remonte à la source pour y découvrir que la source c’est la sainteté de Dieu. Père, Saint, si Dieu est proche de nous, il est aussi le Transcendant… il y a une différence fondamentale entre Dieu et nous.

Ce qui est très beau, c’est que en contemplant la sainteté de Dieu qui est la source, Jésus va nous dire que nous sommes appelés à partager cette sainteté, cette ‘mise à part’, ce qui ne signifie pas que nous sommes des ‘purs’, mais on est mis à part… Jésus dit : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » ; nous sommes donc bien appelés à cette sainteté, mais sans être retirés du monde, et « pour eux, je me sanctifie moi-même ». Donc c’est Dieu le Père qui est la source de la sainteté, de notre vocation, celle à laquelle nous sommes appelés et le chemin c’est le Christ ! La Parole de Dieu est la parole de vérité, ça répond à la préoccupation de Paul : la seule manière, absolue, de discerner la parole vraie et la parole pervertie, c’est de contempler, de méditer la Parole de Dieu. Il n’y a pas d’autre solution ; Jésus ne dit pas : Je suis un des chemins, il dit « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Il n’y en a pas d’autres. Vous voyez, on a la source, on a l’accomplissement – soyez saints – et le chemin pour que s’accomplisse cette sainteté, ce n’est pas l’exercice des vertus – ça c’est un fruit – ça n’est pas parce que nous sommes exceptionnels, mais c’est plutôt parce que nous sommes aimés.

Cette vocation nous est donnée à notre baptême. Dans l’Évangile, Jésus dit : « Je parle ainsi dans le monde », Jésus est la Parole de Dieu, donc celle-ci nous est donnée à nous pour transformer le monde ! On ne peut transformer le monde, à la manière du ferment dans la pâte si nous-mêmes nous ne nous sommes pas laissés transformer par la Parole… le pape François dit : « L’Église ne peut évangéliser que si elle s’est laissé évangéliser ». On est dans le monde pour se nourrir de la Parole de vérité, celle qui sanctifie, pour que, en étant sanctifiés, étant enfants de dieu, nous puissions alors être le ferment dans la pâte, le sel de la terre et la lumière du monde. C’est cela notre vocation !

Du point de vue de la source, c’est-à-dire de Dieu, c’est un absolu, l’Église est dans le monde pour évangéliser ; les chrétiens sont baptisés pour évangéliser. Il n’y a pas deux types de chrétiens : ceux qui sont là pour évangéliser et d’autres non… Nous sommes tous baptisés avec cette dimension missionnaire. Mais chacun de nous va évangéliser à sa manière : certains vont partir en pays de mission, certains vont, comme Thérèse de Lisieux être patron de mission sans avoir jamais quitté le carmel. Et puis nous, qui allons évangéliser au sein de la paroisse ; certains vont évangéliser en priant les uns pour les autres, certaines fois en versant des larmes pour nos enfants et petits enfants qui se sont détournés de la foi ; on peut évangéliser en accomplissant des gestes fraternels, des temps de témoignage, des services dans la paroisse… ou dans la vie associative, mais nous sommes tous appelés à évangéliser !

La source c’est le cœur de Dieu, Père Saint… dans la mesure où nous nous sommes laissé évangéliser alors nous pourrons annoncer l’Évangile.

Amen !