Homélie du jeudi 28 mai 2020 – Père Gilles Rousselet

28 Mai 2020 | Actualité, Homélies

7ème semaine de Pâques  année A –

 Actes des Apôtres (22, 30, 23, 6-11) Ps 15 (16)  Évangile st Jean (17, 20-26)

Jésus dit bien :” J’ai encore beaucoup de choses à vous dire… mais vous n’avez pas la force de le porter. Quand l’Esprit Saint viendra, il vous révélera la vérité toute entière”. Quand nous méditons ce passage de l’Évangile, je ne sais pas ce que nous comprenons mais nous sommes plongés dans un abîme, qui n’est pas accessible à la sagesse humaine, mais qui l’est grâce au don promis par le Père, celui de l’Esprit Saint. Nous avons besoin de nous préparer à une nouvelle effusion de l’Esprit. Pour accueillir la profondeur, la richesse inouïe de ce que Jésus annonce, mais aussi parce que le monde va avoir besoin d’un nouveau sursaut, pas un sursaut de plus, mais pour accueillir le fait que Jésus vient faire ‘toute chose nouvelle’, en nous et par nous… Nous sommes les acteurs de ce renouveau ! Nous ne sommes pas des témoins qui attendent, les bras ballants je ne sais quel événement. Nous recevons vraiment l’Esprit Saint pour devenir les acteurs de ce renouveau. Ce n’est pas un renouveau moral, c’est un renouveau du ‘sens’ : “Dieu a tellement aimé les hommes qu’Il a nous donné son Fils unique”.

Nous pouvons nous mettre du côté des Apôtres qui entendent cette prière de Jésus, les yeux levés au ciel et qui dit : ”Je ne prie pas seulement pour ceux-là, mais encore pour tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi”. Cette prière de Jésus pour ses Apôtres a dû être pour eux un réconfort, surtout à partir de la Pentecôte. Comprendre la profondeur de ce que Jésus est en train de faire, en train de dire suppose que nous ayons l’Esprit de Dieu qui unit éternellement le Père et le Fils… dans un jaillissement continuel d’amour, sinon ça peut couler sur nous comme l’eau sur les plumes d’un canard ! C’est d’une richesse inouïe ! Dieu prie pour nous… Il priait déjà pour les Apôtres il y a 2000 ans… Vous avez entendu cette parole : “Je prie encore pour ceux qui, grâce à leur parole, -c’est notre cas- croiront en moi”. Vous avez vu que Jésus dit par trois fois ce que l’on appelle le ‘kérygme’ qui est le cœur de l’annonce, le cœur de notre foi…

Ils ont reconnu que tu m’as envoyé”.Jésus est l’Envoyé du Père, celui qui est venu nous révéler la plénitude du visage de Dieu, c’est la première chose… Par trois fois, Jésus dit que l’œuvre du Père, que tout ce qu’Il est venu accomplir et que l’Esprit Saint va réaliser en nous, c’est que nous croyons enfin, et définitivement, et de plus en plus, que Jésus est l’Envoyé du Père. Quand nous voyons Jésus et que nous méditons sa parole alors nous connaissons tout du cœur du Père pour nous ! Il y a un accent particulier, un petit mot qui revient sans cesse dans ce passage d’Evangile : “un”… Jésus prie pour que nous soyons ‘un’, que nous soyons unis, mais pas n’importe quelle unité, pas une unification –tout va bien parce que nous pensons tous pareil- Or Jésus dit : “Qu’ils soient ‘un’ comme nous sommes ‘un”’. Voilà une certitude que nous n’aurons jamais fini de méditer, c’est que nous croyons en un Dieu unique, mais un Dieu unique en trois personnes… Le Père n’est pas le Fils, et le Fils n’est pas l’Esprit Saint ! Et pourtant ils sont unis, et cette unité est absolument indestructible.

Ce qui est important c’est une unité de volonté : “Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi.” Pensez-vous que quelque chose peut résister à cette volonté ? C’est une volonté valable maintenant, cette unité n’est pas réalisée seulement dans la vie éternelle, mais maintenant ! Une unité comparable à l’unité trinitaire mais aussi dans la vie trinitaire, c’est-à-dire Jésus veut que nous soyons ensemble, chacun absolument unique –il ne peut pas y avoir de rivalité entre nous, pas de jalousie, c’est impossible ! Car chacun de nous a sa place dans cette unité. S’il y a en nous le désir que quelqu’un s’éloigne ou soit éliminé, nous ne sommes pas dans la volonté du Christ, pour lequel il a donné sa vie… Nous sommes unis et c’est notre force, c’est la force de toutes les communautés, c’est la force de l’Église. La plus grande fragilité de l’Eglise, c’est la division interne. Le pape Benoît XVI  disait que la plus grande violence exercée contre l’Eglise vient de l’intérieur ! Pas de l’extérieur.

 Si nous sommes unis, nous sommes capables de résister à toutes les attaques… Est-ce que c’est le cas aujourd’hui ? Sentons-nous que l’Église aujourd’hui résiste à toutes les attaques ? Non ! et c’est la raison pour laquelle nous devons la travailler, cette unité, dans l’amour ! C’est une unité d’amour. Nous nous réjouissons d’être ensemble ! Jésus nous introduit dans cette unité, dans cette vie trinitaire qui fait que nous sommes dans l’amour, parfaitement nous-mêmes. Personne d’entre nous n’a pas sa place dans cette unité. C’est le plus extraordinaire témoignage : si nous sommes dans cette unité, alors nous annonçons la vérité la plus extraordinaire qui soit, c’est de dire que Jésus est l’Envoyé du Père. Par notre unité, par notre vie fraternelle, nous témoignons que Jésus est l’Envoyé du Père. Quelle est la réponse que le monde attend le plus aujourd’hui ? Nous le savons, peu importe la manière de le formuler, nous savons que le monde attend de rencontrer le Christ. Il est source de vie, source de joie !

Que cette Eucharistie qui est le sacrement de l’unité vienne à bout de toutes nos résistances… Si nous sentons en nous qu’il y a le rejet de quelqu’un, demandons au Seigneur de nous convertir. Ce n’est pas cette personne que nous rejetons qui doit changer, c’est nous. Dans l’Eucharistie nous trouverons cette force de venir à bout de tout rejet, de tout esprit de division qu’il y a en nous…

Amen !