Homélie du samedi 23 mai 2020 père Gilles Rousselet

25 Mai 2020 | Actualité, Homélies

6ème semaine du Temps Pascal   Année A  Actes des Apôtres (18, 23-28) Ps 46(47)  Évangile st Jean  (16, 23b-28)

Vous est-il déjà arrivé de vous demander comment on peut faire entrer tant de choses dans une seule journée… Les journées ne sont pas assez longues… voyons la démonstration très pratique de ce penseur qui prend un ravier et le remplit de cailloux ; il demande à ses auditeurs si le ravier est plein, on lui répond que oui… puis il le remplit de sable, etc… finalement, c’est juste une question d’organisation ! Ici, est-ce seulement de l’organisation ou quelque chose de plus profond ? Dans les cinq versets que nous venons d’entendre, il y a une telle richesse, une abondance absolument incroyable… Nous sommes plongés dans un abîme insondable, et c’est ce que Jésus est venu accomplir ; il est maintenant accompli et c’est l’histoire de notre vie … À nous d’accueillir ce don incroyable ! Jésus, dans son amour, en voulant accomplir la volonté du Père, l’a inauguré. Dans ce que l’Esprit Saint est venu nous offrir de la vie de Dieu et de la relation incomparable avec le Père, dans le Fils, dans un jaillissement continuel de l’Esprit Saint. La Pentecôte, c’est le moment où l’Esprit Saint va prendre possession de l’Église, mais plus encore que ça, il va prendre possession de nos âmes.

La Pentecôte est un des plus hauts sommets de la vie spirituelle. Thérèse de Lisieux dit que c’est à la Pentecôte qu’elle devient vraiment apôtre. Et les Apôtres, eux-mêmes sont remplis de l’Esprit Saint. On est  quelquefois étonné de voir le contraste entre leurs doutes, leurs peurs, leurs résistances et ce qu’ils ont été capables d’accomplir au moment de la Pentecôte où les gens qui les entendaient disaient qu’ils avaient bu ! Quand Jésus parle de cette Joie parfaite, on peut dire : Joie complète qui est comparable à un enivrement. La Joie résonne bien avec la Foi, c’est une dimension importante. Là encore, il ne s’agit pas de joie sensible, mais de la Joie qui vient d’une autre profondeur et non pas des émotions. Cette Joie peut contaminer les émotions… Saint Benoît Labre était toujours dépressif, jusqu’au jour où un prêtre a compris que malgré ce qu’il vivait sur le plan psychologique, il était rempli de la grâce, de la joie de Dieu. Et il a accompli des miracles, des guérisons tout en étant dépressif toute sa vie… Cette Joie nous est donnée en plénitude ; l’Esprit Saint prend possession de notre âme, voilà ce qu’est la Pentecôte. On peut y voir un événement ecclésial : l’Esprit Saint va réorganiser l’Eglise, l’envoyer sur le chemin des hommes comme l’a annoncé l’Évangile. Mais en réalité la Pentecôte c’est le moment où l’Esprit Saint fait de nous des saints !

Certaines paroles sont étonnantes dans ce passage d’Evangile : Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous…  c’est un changement ! Moi, j’aime bien que Jésus prie pour moi… Il ne dit pas qu’il ne le fera pas, ce n’est pas ce qu’Il dit… il faut écouter la suite. Avez-vous fait attention au fait que Jésus dit : Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ? Car le Père lui-même vous aime… que se passe-t-il ? Par le don de l’Esprit Saint, Jésus nous fait entrer dans une telle relation avec le Père que d’une certaine manière, il n’y a plus besoin de médiation… Nous sommes entrés dans une relation filiale, l’Esprit Saint va accorder toutes nos demandes au vouloir du Père. C’est exactement ce que nous demandons dans la prière du Notre Père ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Que demandons-nous à Dieu ? On demande au Père de nous accorder parfaitement à son vouloir, un accord qui est aussi parfait que celui de Jésus avec son Père qui dit : Ma nourriture c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé ! Vous vous rendez compte dans quelle intimité la mort et la résurrection du Christ et la descente sur nous de l’Esprit Saint  nous sommes… Jésus nous dit, je n’aurai pas besoin de prier pour vous car vous serez entrés dans une telle relation avec mon Père dans l’Esprit Saint –qui est l’Esprit filial- le Père vous aime et vous l’aimez… Que se passe-t-il quand il y a une telle réciprocité d’amour ? Le Père nous accorde tout ce qu’on lui demande ! C’est cela le mystère si incroyable de la descente de l’Esprit Saint… Il nous fait vivre dans une relation absolument comparable à celle que Jésus a toujours eue avec son Père… Imaginez à quelle élévation nous sommes conduits ? C’est exactement ce que dit Jésus…

 On ne peut pas comprendre autrement ces paroles paradoxales… Jésus ne s’est pas absenté, il inaugure une nouvelle relation. Quand st Paul dit : Je vis, mais ce n’est pas moi qui vis c’est le Christ qui vit en moi… Vous pouvez appliquer ça à toutes les dimensions de votre vie spirituelle : j’aime mais ce n’est pas moi qui aime, c’est le Christ qui aime en moi. Je prie, mais ce n’est pas moi qui prie, c’est l’Esprit de Jésus qui prie en moi. C’est cela, la réalité chrétienne. Est-ce que cela ne donne pas une autre dimension à nos limites ? On vit assez spontanément dans nos limites, pourquoi ? Parce qu’on y est à l’aise, on connaît nos limites, on en a l’expérience… On a quelquefois un peu peur d’avancer au grand large ! Jésus nous offre une autre dimension qui n’a pas de limites. Ce qui lui fait dire : Vous accomplirez des œuvres encore plus extraordinaires. Je crois que nous n’en ferons jamais le tour… Personnellement et communautairement nous sommes capables d’accomplir des œuvres encore plus extraordinaires que celles que Jésus a faites. Comment comprenez-vous cela ? Vous vous dites, il est ‘fêlé’… ça a été mal traduit, mal compris ? ou bien est-ce vrai ? et si c’est vrai –puisqu’il ne peut pas mentir- qu’est ce qui fait que cela va réellement se produire, c’est l’Esprit Saint qui nous est donné… Pas parce qu’on est bon, ou que l’on a fait des efforts et que l’on va recevoir une belle image, comme le jour de sa première communion ! – on met ça dans un livre et on la retrouve de temps en temps- Ce n’est pas de cet ordre là ! L’Esprit Saint n’est pas une récompense. C’est une promesse, c’est le don de Dieu. Dieu ne peut pas reprendre son don, il ne peut que le renouveler sans cesse.     Amen !