Homélie du dimanche 26 avril 2020 – Père François Jourdan

26 Avr 2020 | Actualité, Homélies

3ème semaine du Temps Pascal année A – Ac 2, 14.22b-33 ; Ps 15(16)-1P1, 17-21 – Lc 24, 13-35

Nous sommes entre Pâques et Pentecôte et les perspectives sont à comprendre en allant au-delà du déroulement temporel.

Nous voyons Saint Pierre qui est mis en avant dans la Parole de Dieu que nous entendons aujourd’hui : dans les Actes des Apôtres le jour de la Pentecôte et dans la 2ème lecture, la lettre de Saint Pierre. Le témoignage du premier des apôtres, quelqu’un qui a bien les pieds sur terre !  Et voilà qu’il y a le temps entre Pâques et Pentecôte, parce que le Christ n’est pas resté dans son ciel mais qu’il est venu, le soir même, en particulier avec les disciples d’Emmaüs, disciples qui ne sont pas parmi les Douze : il y a bien d’autres témoins de la résurrection du Christ.

Et ils ont compris que ce n’est pas fini, au contraire, ça prend une autre dimension, le fait de sa présence comme Ressuscité ! Jésus avait dit “quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.” On peut le comprendre, mais une fois qu’il est mort ? Et bien si ! Et “ils l’ont reconnu à la fraction du pain”. C’est très intéressant de voir qu’ils ne l’ont pas reconnu tout de suite : c’était tellement invraisemblable ! Ce compagnon de route qui se met avec eux, comme ça, ils ne réalisent pas tout de suite. Et c’est à la fraction du pain qu’ils l’ont retrouvé.

On a, si on peut dire, un début de liturgie en train de se mettre en place : l’échange entre Cléophas, son compagnon et Jésus ; la Parole de Dieu ; et le partage du pain eucharistique. Et alors là, au lieu de “rester baba” et d’attendre que ça se passe, ils sont repartis en sens inverse, à Jérusalem, retrouver les apôtres. Donc ce n’est pas fini du tout, bien au contraire ! Et c’est comme ça que Saint Pierre a l’audace, si je puis dire, de s’adresser aux Juifs au moment de la Pentecôte “Shavouot” une grande fête juive où il y a des gens qui viennent de partout à Jérusalem en pèlerinage. “C’est vous qui l’avez arrêté et donné aux païens ; ce qui fait que ce Jésus de Nazareth est mort sur la croix.” Il les met en cause, sans ménagement, sans chercher à cacher les susceptibilités…. Il ne faut pas aborder ces choses là ? Et bien si…

Dieu, c’est à dire le Père comme souvent dans le Nouveau Testament, “ce Jésus, Dieu l’a ressuscité. Et nous tous, nous en sommes témoins.” Je suis très frappé de voir que les apôtres n’avaient pas compris et ne s’y attendaient pas, y compris les disciples d’Emmaüs, et une fois qu’ils l’ont vu, il n’y a pas de contestation. Il faudra attendre les hérésies, deux ou trois siècles après, où là on remettra en cause un tas de choses tellement c’est invraisemblable et ça ne correspond pas aux vues humaines. Il y aura toujours des gens pour le discuter jusqu’à nos jours. Mais,  là il y a les témoins et pas seulement les douze apôtres.

La résurrection, qui est absolument hors norme, un cas unique dans l’histoire humaine, car ce n’est pas revenir à la vie ordinaire comme Lazare, c’est la vie dont on ne meurt plus ! La vie autrement…. Il y a là un chemin qui s’ouvre avec le Christ. Et l’Église est en train de se former, avec le sacrement de l’eucharistie.

Il y a là de manière rassemblée ces témoignages qui sont à la base de notre foi. Et qui nous rappellent que même en cas de virus mondial comme nous affrontons aujourd’hui, sans savoir comment sera l’avenir, les choses ne sont pas finies et Dieu ne reste pas dans son ciel ! Il vient, il fait route avec nous, il vient même vers nous pour nous trouver dans notre petit quotidien ordinaire.  Et c’est là qu’il est… “Quand t’avons-nous vu malade, en prison, etc…” : “Ce que vous avez fait aux plus petits.…” ça vous n’y pensez pas, ce ne sont pas des vues humaines, “c’est à moi que vous l’avez fait”. Il est là de bien des manières…

Ils ont fait un bout de chemin et ils ne l’avaient pas encore reconnu. Combien de temps nous faut-il pour le reconnaître dans nos vies à chacun ? Nous sommes là ensemble, pour pouvoir justement le reconnaître, lui faire sa place qui ne sera jamais assez grande, et entrer dans ce mouvement de renouveau complet. Et ce n’est pas fini du tout après la résurrection de Jésus, tout recommence autrement. Avec une autre lumière. Entrons dans cette lumière du Christ ressuscité, la lumière de la vie éternelle dans laquelle nous sommes déjà entrés au jour de notre baptême dans cette alliance accomplie en Jésus, alliance biblique. Et vivons avec lui qui est avec nous même quand nous ne nous en rendons pas compte. Et osons faire ce chemin que nous n’avons pas prévu et qui est devant nous.