Homélie du samedi 4 avril 2020 – Père Gilles Rousselet

4 Avr 2020 | Actualité, Homélies

5ème semaine de carême -année A (Ez 37, 21-28 ; Jr 31, 10, 11-12ab, 13 ; Jn 11, 45-57)

Je voudrais partager avec vous quelques réflexions qui valent pour l’homélie, je le souhaite en tout cas…

La première est à la fois sur l’absence de Jean-Michel et sur ce que nous vivons dans la liturgie depuis le début du confinement. En partageant avec l’équipe, je leur disais que quand le confinement sera terminé, je ne célébrerai plus la messe de la même manière. J’y mets vraiment tout mon cœur dans la célébration de l’eucharistie, et il y a des choses que j’approfondis plus. Mais j’aime prêcher en vous voyant ! Il faut donc que j’intensifie cette relation avec vous alors que je ne vous vois plus physiquement. Bien sûr, il y a les photos qui sont là, que j’ai mises derrière parce c’est important aussi pour vous que vous soyez toujours plus en communion les uns avec les autres dans chaque événement de la vie chrétienne.  Parfois on regarde nos assemblées et on voit les paroissiens un peu dispersés, même en dehors du confinement ! C’est important que nous soyons corps, Corps du Christ, que nous ne soyons pas dispersés dans une assemblée, mais pas non plus dispersés dans la préparation et dans la manière de vivre la liturgie. Jean-Michel n’est pas là et on s’en rend compte. Ce que je veux dire, c’est que quand quelqu’un ne prend pas part à l’assemblée ou à la liturgie, pour des raisons que chacun doit étudier, ça fait le même effet. Je pense que dorénavant, quand le confinement sera terminé, je célébrerai l’eucharistie autrement, avec ce désir que vous soyez toujours plus  associés à la préparation et à l’action liturgique. Je n’hésiterai pas à aller vous chercher plus encore ! Il y a des équipes de liturgie, mais j’espère qu’au terme de ce confinement, elles vont se renouveler, que vous serez tous vraiment renouvelés dans votre désir de participer plus à la liturgie. Parce que c’est vraiment important. Personne n’est acteur : on a tous reçu dans notre baptême une mission de participer à la vie de l’Eglise et particulièrement à la liturgie. Je prie pour que les équipes liturgiques de nos paroisses, de nos communautés, soient renouvelées après le temps du confinement. Et je remercie beaucoup ceux qui s’y impliquent d’une manière ou d’une autre, en réalisant toutes les petites vidéos qui manifestent votre présence.

La deuxième chose dans la première lecture, est cette bénédiction de Dieu. C’est étonnant de voir comment Dieu voit et prophétise sur nous. Ces prophéties de l’Ancien Testament sont totalement réalisées en Jésus. Et on pourrait se dire que Dieu est un peu utopiste, que ce qu’il dit peine à se réaliser : Dieu si tu es Amour, pourquoi y a-t-il la guerre dans le monde ? Là, ce que nous voyons, c’est la certitude que Dieu a que tout est accompli en son Fils. Mais nous ne sommes pas dispensés de notre propre engagement. Comme dans la multiplication des pains où il a fallu les 5 pains et les 2 poissons ; les disciples disent qu’ils n’ont pas assez pour tout faire et ne font rien… Parfois, on a ce regard là, comme on se le disait avec les catéchumènes lors de notre réunion de jeudi soir. Chacun doit se demander « qu’est ce que je peux faire pour que le Royaume de Dieu s’enracine profondément et porte du fruit. Il y a un souci en Dieu, redit dans l’évangile : Jésus est venu pour rassembler son peuple. Et dès que, dans la situation dans laquelle  je suis, je suis acteur de désunion, je fais une oeuvre contraire. Et le diable, le diabolos,  le diviseur, dans toute action qui vise à diviser en moi-même, dans ma relation avec les autres et avec Dieu, fait une œuvre contraire à celle de Dieu. Et nous voyons bien combien l’œuvre de Dieu est d’une grande richesse. L’autre aspect de cette Parole de Dieu est la bénédiction : tout est bénédiction ! « Ils habiteront le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob. Ils l’habiteront eux-mêmes et leurs fils, et les fils de leurs fils, pour toujours. » La bénédiction de Dieu, quand on l’accueille, se propage alors sur de multiples générations. C’est le propre de la bénédiction divine. On avait fait un enseignement sur la bénédiction et combien elle est importante. Je vous invite à vraiment vous bénir les uns les autres, prenez le temps ! Je sais qu’il y a des familles où on récite la prière avant le repas, c’est une bonne occasion. Peut être d’ailleurs qu’on pourrait vous envoyer par internet (je confie cette mission à Marie-Anne : vous trouverez des propositions de bénédicités jointes à l’envoi de cette homélie –NDLR) des bénédictions de repas. Et des prières de bénédictions les uns sur les autres. Simplement, vous dire le matin « Je suis heureux que tu sois là. » Ce n’est pas tous les jours faciles, mais dites-vous combien vous êtes heureux d’être ensemble. Et demandez à Dieu de vous établir dans cette unité, qui n’est pas notre création. Jésus est mort sur la croix pour nous rassembler tous. C’est là justement où il faut aller puiser la force de notre unité.

Un mot dans l’évangile, si je ne veux pas être trop long pour vous, et pour Marie-Anne qui va retranscrire cette homélie (Merci !! – NDLR). Hier, Jésus suppliait son auditoire de faire appel à leur raison, ce qui est le caractère raisonnable de la foi « Voyez les œuvres ! » Et là, précisement, il semble que l’œuvre que Jésus accomplit, les signes, vont provoquer quelque chose. Et cette expression « signe » est propre à Saint Jean. Ce ne sont pas seulement des miracles, mais des actes qui signifient quelque chose, qui nous orientent vers la croix. Et la croix, la Passion du Christ, est la clé de toute compréhension de tous les signes que Jésus a accomplis, en particulier dans l’évangile selon Saint Jean. Et là, il a ressuscité Lazare « Je suis la résurrection et la vie. »  C’est ce qu’il dit à Marthe : je suis, je vous apporte la résurrection, elle est déjà là, à votre disposition. Et quel est le problème soulevé par ceux qui veulent l’arrêter et le mettre à mort ? C’est que, précisément, ce sont des signes efficaces qui vont tout transformer. Il y a une très belle homélie du Pape Benoît XVI aux jeunes des JMJ en Allemagne : il y disait que dans sa Pâque, c’est l’heure où Jésus a tout transformé. C’est une transformation comparable à une fission atomique, c’est-à-dire que par la mort et la résurrection du Christ, la vie et la mort des hommes n’a plus du tout la même orientation. Tout est radicalement transformé. Et Jésus veut nous associer à cette transformation. Quand nous venons à la messe, à l’eucharistie source et sommet de toute communauté chrétienne et de toute vie chrétienne, nous sommes transformés. Notre relation à Dieu est transformée parce qu’il n’y a plus d’obstacle et notre relation les uns aux autres est également transformée. Et c’est cela précisément que craignent ceux qui voient Jésus accomplir ces signes. On ne va plus rien pouvoir maîtriser ! ça n’est pas par l’obéissance à la loi, par nos rites, par nos propres efforts et vertus que nous allons pouvoir vivre, mais c’est en accueillant cette grâce, ce don de Dieu accessible, du coup, à tous. Ce que craignaient les hautes autorités de l’époque, c’est que ça allait leur échapper. Le Royaume de Dieu appartient aux petits et aux pauvres : tout est renouvelé. Alors peut être que la question qu’on peut se poser est « Qu’est ce qui, en nous, en moi, a besoin d’être renouvelé ? » Je vais poser la question autrement : quels sont les domaines de ma vie qui m’appartiennent tellement, que je maîtrise tellement, que je ne souhaite pas, même inconsciemment, que le Seigneur vienne les transformer, les renouveler. Et alors, je peux lui dire : Seigneur, dans ta tendresse, dans ta miséricorde, viens à la rencontre de ces royaumes intérieurs, de ces domaines que je ne veux pas te laisser transformer. Et avec toute la délicatesse et la force dont tu es capable, viens les transformer.

 

Voilà ce que j’avais envie de partager avec vous aujourd’hui, dans cette liturgie de la Parole. la Parole de Dieu est une telle richesse. Je vous souhaite vraiment de pouvoir méditer aujourd’hui la Parole de Dieu, de pouvoir la ruminer. De pouvoir vous établir dans la bénédiction : vous vous rappelez que le Royaume de Dieu est à notre portée qu’il nous appartient d’ouvrir notre cœur. Je vous confie aussi cette mission : prions pour l’unité de la communauté. Que le jour où nous allons pouvoir sortir de ce confinement, que ce soit comme une nouvelle Pentecôte. D’ailleurs, ce sera un peu la période où nous pourrons, je crois, à nouveau nous rassembler. Que ces temps de rassemblement soient vraiment des temps de nouvelle Pentecôte, une nouvelle descente de l’Esprit Saint sur nous. Que nous soyons vraiment le peuple de Dieu. Soyez bénis tous ! Amen